Créé en 1945, le Secours populaire français est l’héritier de mouvements populaires dont il a, au long de  ces décennies, conservé les valeurs tout en évoluant considérablement. Son orientation, ses missions, son indépendance permettent de rassembler aujourd’hui en son sein des gens de cœur quels que soient leurs engagements personnels, leurs sympathies politiques, philosophiques ou religieuses, sans aucune distinction de race, de sexe, d’âge ou de niveau social.

Une histoire en trois étapes

Grand mouvement décentralisé, le Secours populaire regroupe 99 fédérations départementales et professionnelles et  656 comités. L’objectif commun est de pratiquer une solidarité agissant sur les conséquences des drames vécus par des personnes, individuellement ou collectivement, sans se prononcer sur les causes et de permettre à chacun de s’investir personnellement.

1923-1936 : le Secours rouge international

Dans les années 1920, la Première guerre mondiale a profondément marqué la France. Des millions de civils ont été victimes des combats et des destructions. Des militants communistes vont créer, en 1923, la section française du Secours rouge international, à laquelle participent également des antifascistes, des intellectuels de renom comme Henri Barbusse, Romain Rolland ou Francis Jourdain.

L’association va s’intéresser au sort des bagnards, des militants anticolonialistes, des ouvriers licenciés pour activité syndicale ou politique, des prisonniers politiques et de leurs familles. Elle va, entre autres actions, largement participer aux rassemblements en France demandant la grâce de Sacco et Vanzetti.

Dès cette période, l’association développe des activités sociales destinées aux enfants démunis : colonies de vacances, aide aux enfants des chômeurs dont elle rend compte dans son magazine, La Défense, créé en 1926.

1936-1945 : le Secours populaire de France et des colonies

A la faveur du Front populaire et dans l’intention de s’ouvrir plus largement à la société civile, l’association change de nom pour devenir le Secours populaire de France et des colonies en 1936. C’est en 1938 que le slogan

 Tout ce qui est humain est nôtre

devient la devise de l’association, toujours en vigueur aujourd’hui. Le Secours se fait l’expression de la solidarité populaire. Déjà très engagé dans la dénonciation des conditions de vie des populations natives dans les colonies, il organise aussi  l’aide à l’Espagne républicaine, notamment en  apportant de l’aide matérielle sur place puis en soulageant les familles réfugiées en France et souffrant dans les camps d’internement. Il apporte également soutien aux populations réfugiées de l’est et du sud de l’Europe fuyant les régimes fasciste et nazi jusqu’en 1939.

Durant la Seconde guerre mondiale, le Secours populaire français, malgré son interdiction, poursuit ses actions de solidarité, édite des numéros de La Défense  dans la clandestinité. La moitié des cadres dirigeants sont fusillés ou déportés pendant l’Occupation.
L’association se réorganise dans le Paris de la Libération et envoie, dès décembre 1944, des enfants en vacances.

Depuis 1945, le Secours populaire français

Le Secours populaire français nait en 1945 de la fusion du Secours populaire de France et de  l’Association nationale des victimes du nazisme (ANVN.).
L’association soutient les grévistes et victimes des répressions politiques entre 1945 et 1948. Elle intervient auprès des populations victimes des guerres coloniales de Madagascar (1947-1948), d’Indochine (1945-1954), du Vietnam (1960-1975) et d’Algérie (1954-1962) en offrant un soutien juridique important prodigué par les « Avocats du Secours populaire ».
Il aidera aussi les victimes des dictatures, en Espagne et en Grèce entre 1945 et 1976.

Dès la fin des années 1950, l’idée de solidarité s’élargit : elle est désormais morale et matérielle. En 1959, le Secours populaire français aide les victimes de l’effondrement du barrage de Malpasset, près de Fréjus, et ceux du tremblement de terre d’Agadir au Maroc en 1960. Il aide les enfants des grévistes lors de la lutte des mineurs en 1963 et des grandes grèves de 1968. La campagne de Noël pour les enfants et les  personnes âgées s’intensifie. De nombreuses personnalités du monde artistique et culturel soutiennent ses actions, notamment Jean Cocteau qui donne des illustrations pour des affiches ou des publications.

Au cours des années 1970, le Secours populaire français développe de nouveaux axes de réflexion et d’action. Ainsi, l’aide à l’enfance passe par la création de la campagne des Pères Noël verts et de la Journée des Oubliés des vacances. Ensuite, l’association engage tous ses militants dans la récupération des surplus agricoles d’abord français (puis européens à partir de 1984). Enfin, la solidarité mondiale s’exerce dans les pays frappés par la dictature comme l’Espagne, la Grèce ou le Chili où le Secours populaire se rend dès 1973. Plusieurs campagnes se succèderont pour apporter de l’aide matérielle aux familles des emprisonnés ou disparus. Le disque « Chants pour les enfants du Chili » sortira en 1977, avec les chansons des plus grands artistes de l’époque.

Dans les années 1980, le Secours Populaire Français prend en compte les grands changements de la société liés à la crise et au développement de la misère. Par le choix de son logo, signé Grapus, et son nouveau magazine, Convergence, l’association affirme pleinement sa stratégie dans de nouvelles formes de solidarité. La permanence d’accueil et de solidarité devient le pivot des actions au centre de laquelle peuvent s’organiser les libre-service alimentaires nés des surplus, l’accès aux vacances, l’accès à la culture pour  tous, les points Jeunes pour lutter contre l’exclusion et redonner de la dignité à ceux qui croient l’avoir perdue.
Fort de son expérience, le Secours populaire français innove sur les questions d’implication bénévole : il favorise la participation des personnes aidées dans un souci de refus de l’assistanat. Les Nouveaux cahiers de doléances de 1989 recueillent la parole des «sans-voix » pour être remis à Matignon, dans les préfectures et les conseils généraux. Le prolongement de l’action prendra le nom « Le dire pour agir ». L’association est alors agréée comme association nationale d’éducation populaire le 10 janvier 1983, puis reconnue d’utilité publique le 12 mars 1985. L’aide internationale, qui s’appuie sur l’héritage des luttes anticoloniales, s’intensifie via des projets de développement toujours portés par des partenaires locaux.

En 1991, le Secours populaire français se voit décerner le label « Grande cause nationale ». Dès lors, il élargit considérablement son activité et sa notoriété.
A la suite de l’adoption par les Nations unies de la Déclaration des droits de l’enfant, le mouvement « Copain du Monde », créé en 1992, donne aux enfants le loisir de pratiquer la solidarité.

Dès 2000, les grandes manifestations organisées pour la Journée des oubliés des vacances à Paris Bercy, au Stade de France et au Champ de Mars sont des succès populaires. Le travail en faveur des enfants vaut au Secours populaire français d’être reconnue comme association complémentaire de l’enseignement public Dans le même temps, les actions menées par l’association  lors des grandes catastrophes comme le tremblement de terre en Haïti et le tsunami en Asie du Sud-est confirment sa place dans le champ de l’aide au développement à une échelle jamais atteinte.

Aujourd’hui, affirmant son indépendance à l’égard de l’Etat, des partis politiques et des syndicats, le Secours populaire français se veut « aiguillon des pouvoirs publiques ». A ce titre, il s’implique dans la mise en place de nouveaux moyens pour la solidarité nationale : la Loi Aubry contre les exclusions, participation à la Conférence de lutte contre la pauvreté et pour l’inclusion sociale du gouvernement Ayrault fin 2012. Il favorise également les partenariats avec les entreprises pour développer ses actions de solidarité tout en continuant de coopérer avec d’autres associations. Dans ce sens, pour défendre une aide alimentaire européenne à la hauteur des besoins, le Secours populaire français a, depuis 2010,  engagé tous ses moyens pour maintenir le Programme européen d’aide aux plus démunis avec la Fédération française des banques alimentaires, la Croix-rouge française et les Restaurants du cœur.

En 2015, l’association fêtera ses 70 ans, 70 ans qui constituent le socle de nouvelles ambitions de solidarités locale et mondiale.

Sources
Archives du Secours populaire français. Centre de documentation de l’association, Paris
Nos vies s’appellent Solidarité. Julien Lauprêtre. Geai bleu éditions, 2005
Julien Lauprêtre, sa vie, son œuvre au Secours populaire. Paul Dunez. L’Harmattan, 2009
Le Secours populaire français, 1945 -2000. Axelle Brodiez. Editions Sciences po, 2006